•  Environ quinze ans plus tard, par un beau dimanche de juin, je passais l'après midi à la piscine avec mon mari et mes deux filles. Nous étions allongés sur le bord du grand bain et je m'étais  endormie pendant quelques minutes. Quand je me suis réveillée, je me suis levée pour me rhabiller avec l'intention de partir. En me tournant vers les bassins, je vis un jeune homme qui faisait baigner son bébé dans le petit bain. Je ne voyais que lui, il m'apparut entouré de lumière. Je ressentis un sentiment extraordinaire mêlé de joie et d'amour, et poussée par une force invisible, je tombai à genoux en tendant le bras vers lui, et en m'écriant:

    -"c'est lui! c'est lui!"

     Puis tout redevint naturel. Je pris conscience de ma position et de ce qui s'était passé, en me demandant pourquoi j'avais ainsi désigné ce jeune homme que je n'avais encore jamais vu! Mécaniquement, je me mis à rire de cette farce, et, me tournant vers mon mari je le devinais aussi en colère que stupéfait: il avait cru bêtement que je désignais "mon amant"!!! Il prit ses affaires et nous pressa de partir avec un air renfrogné, malgré mes protestations pour le détromper:

    -" je te dis que je ne sais pas ce qui m'est arrivé, c'était comme si j'étais possédée pendant une minute, je ne sais pas ce qui m'a fait dire ça, je n'ai jamais rencontré ce jeune homme!"

     Mais il ne voulait rien entendre! il commençait à m'agacer avec ses soupçons déplacés alors que lui-même me trompait depuis le début de notre mariage, et nous étions à la veille de notre divorce! je me mis en colère:

    - "Crois-tu que je serais assez idiote pour désigner ainsi mon amant éventuel? C'est quelque chose de plus fort que moi m'a poussée à tomber à genoux, et m'a fait parler sans savoir ce que je disais, ni pourquoi je le disais! Tu ne comprends rien parce que tu ramènes tout au sexe, et u n'as aucun droit de me faire des reproches en ce sens, vus tes aventures incessantes et tes mensonges continuels. Je ne ne peux expliquer ce qui vient de se passer, mais je sais sans aucun doute, QUE JE NE CONNAIS PAS CE JEUNE HOMME!

     Puis en parlant pour moi, je repris un ton normal:

    - " J'aimerais bien comprendre pourquoi je l'ai vu auréolé de lumière et pourquoi je l'ai désigné ainsi, qu'est-ce que ça signifie???"

    et comme je ne pouvais trouver aucune réponse, j'ajoutai:

    -"Après tout, quand le mystère est trop grand, il ne faut pas chercher à comprendre!!!"

     Je pris cet incident à la légère car j'avais trop de soucis en tête, mais j'étais curieuse de voir ce jeune homme de près. En allant vers la sortie, nous devions passer près de lui. Je laissai mon mari et mes enfants partir devant et je m'arrêtai en face du jeune homme qui surveillait son bébé. Il releva la tête et me sourit. Je lui souris aussi en lui disant bonjour, et je ressentis immédiatement pour lui un sentiment diffus de sympathie et d'admiration. Il n'était pas particulièrement beau, mais je le trouvais plus attirant qu'un Apollon: un peu plus grand que la moyenne, le corps un peu lourd, un sourire enfantin, des yeux bleus dans un visage rond encadré de cheveux blonds, une barbe à peine fournie. J'allais lui poser des questions sans ambages, persuadée que le destin voulait que nos chemins se croisent, mais mon mari s'interposa et m'ordonna de le suivre... je l'aurais envoyé balader si je n'avais pas craint de donner une mauvaise image de moi à ce jeune homme, et parce que je ne voulais pas qu'il fût mêlé à l'une de nos innombrables disputes! je suivis donc mon mari, mais j'étais certaine que je reverrais le jeune homme.

     Au mois d'août suivant, mon mari partit seul en vacances avec nos filles. Après avoir déménagé dans un logement de fonction pour rendre notre séparation effective, je restai chez moi mais j'allais nager tous les jours à la piscine. Un jour, trois jeunes gens assis à la terrasse du bar de la piscine insistèrent pour m'inviter à venir boire un verre avec eux. Je ne les connaissais pas, mais ils paraissaient sympathiques, et nous fîmes connaissance sans manières. Lorsque le barman s'approcha de notre table, je reconnus le jeune homme blond. Mes nouveaux copains me le présentèrent: il s'appelait Domi, il avait une petite fille de deux ans mais il venait de se séparer de sa femme, et il aidait ses parents à la piscine pendant ses vacances. Il parut surpris de me voir assise avec ses amis. Lorsqu'il rentra à l'intérieur du bar, ses copains s'empressèrent de me demander comment je le trouvais, s'il me plaisait, et finirent par m'avouer qu'ils m'avaient invitée parce qu'ils savaient que je lui plaisais, qu'il me regardait tout le temps é la dérobée,  mais qu'il rentrait dès que je me retournais, si bien que je ne l'avais pas encore revu jusqu'à ce jour. Ils me prévinrent aussi qu'il avait un caractère difficile et qu'il s'était juré de ne plus "sortir" avec une femme car il avait été très déçu par son mariage!

     Tout ce qu'ils me disaient me faisait sourire et je pensais que ce ne devrait pas être très compliqué d'entrer en contact avec lui, mais dès que je l'abordais, il se montrait fuyant, bourru et peu gracieux, très différent du jeune homme lumineux et souriant que j'avais vu deux mois plus tôt. Je fis deux ou trois tentatives pour me rapprocher de lui, mais sans succès. Je laissai tomber. Je ne le voyais qu'en le croisant par hasard dans la rue où on se disait quelques mots en marchant.

     La nuit, j'entendais souvent qu'un esprit me parlait de "Gabriel, ton fils", mais je le rejetais en répondant que je n'avais jamais eu de fils. J'étais incapable alors de faire le lien entre l'histoire de Gabriel (voir la page 27 de ce blog), Domi et ma vie présente, et quand j'entendais le nom de Gabriel, je croyais que c'était son esprit qui me parlait car je ne croyais pas encore à la réincarnation. Pour moi, Gabriel ne pouvait être que dans l'au-delà.

     Quelques mois plus tard, un des copains de Domi me rappela pour me dire de venir participer à une compétition de natation, notre ville contre une autre, mais j'étais une piètre nageuse. Il insista  en m'assurant que Domi souhaitait me voir participer pour passer un moment avec lui, car c'était lui qui avait organisé le tournoi. Lorsque j'arrivai à la piscine, les participants n'étaient qu'un petit nombre de 7 ou 8 groupés autour de Domi, mais je ne voyais que lui et ses yeux bleus fixés sur moi. Je marchai sur le bord de la piscine sans le quitter des yeux et quand je fus près de lui je me blottis aussitôt dans ses bras, naturellement, comme si c'était une habitude. Il ne me repoussa pas et sembla trouver ça tout naturel: c'est son copain, celui qui m'avait appelé, qui fut le plus surpris! C'est ainsi que notre histoire commença.

    Mais Domi se montra inégal, irrégulier, sans empressement. Il venait quand je ne l'attendais pas, restait plusieurs semaines sans venir me voir ni me contacter, me donnait rendez-vous chez lui et lorsque je sonnais à sa porte, il était absent: un soir je l'ai attendu jusqu'à plus de minuit devant sa porte!

     J'en conclus qu'il ne s'intéressait pas sérieusement à moi, et je demandai ma mutation pour me rapprocher de ma famille en Gironde (nous étions dans la région parisienne).

     Je venais de recevoir une réponse positive à ma demande de mutation, lorsqu'il vint me voir à l'improviste, après des semaines de silence, en me disant qu'il avait bien réfléchi, qu'il pensait pouvoir s'investir dans notre relation, et qu'il envisageait de vivre avec moi!

    - C'est trop tard, lui dis-je, je repars en Gironde, où j'ai obtenu un poste pour la prochaine rentrée scolaire.

    Il se mit en colère en me reprochant de ne lui avoir rien dit.

    - Bien sûr que si! Avant de faire ma demande officielle de mutation, je t'ai demandé si tu préférais que je reste ici avec toi, car on m'offrait une possibilité de revenir dans mon département d'origine, c'est très difficile à obtenir, il y a des profs qui le demandent pendant des années avant de pouvoir partir! Et quand je t'en ai parlé, tu m'as répondu que tu t'en foutais si je m'en allais!

    - Mais il ne fallait pas me croire! j'ai dit ça parce que j'étais en colère que tu veuilles t'en aller!

    - je pensais qu'il valait mieux que je m'éloigne de mon mari qui me crée des ennuis pour le divorce et la garde de nos filles. Si tu m'avais manifesté un peu plus d'intérêt, j'aurais préféré rester avec toi, mais tu n'étais jamais là, et tu ne m'as jamais exprimé tes sentiments! il me semblait que rien ne me retenait ici, puisque je ne comptais pas pour toi.

    - Mais je t'aime cria-t-il, ça se voyait, je n'avais pas besoin de te le dire!

    - Non, ça ne se voyait pas! Tu m'as laissée seule pendant presque trois mois sans te soucier de ce que je devenais, après m'avoir dit que tu t'en foutais! c'était une réponse claire! que pouvais-faire d'autre que demander à partir quand j'en avais l'opportunité?

    - Mais je n'ai fait que penser à toi, à envisager notre vie ensemble!!!

    - Excuse-moi si je ne t'ai pas entendu penser à moi! Et quand on envisage une vie commune, on en parle avec la personne concernée!

    Notre histoire se termina à cause d'un malentendu, malgré nous, comme je le lui avais prédit trois ans plus tôt (voir mon article 9 de ce blog : http://caroline-pc33.eklablog.fr/9-rencontre-avec-les-gitans-2-a109298088 ) mais nous restions en contact par téléphone de loin en loin.

    Dans les années 1990, je me souviens qu'un soir, après avoir raccroché le téléphone quand Domi m'avait appelée, j'entendis un esprit qui disait s'appeler "Christian" me dire:

    -"c'est ton fils".

    En allant m'asseoir sur le canapé, je dis à ma fille:

    - Je ne sais pas pourquoi, j'entends un certain Christian qui me dit que Domi est mon fils! c'est fou, non? si j'avais eu un fils, je le saurais ! et Domi est à peu près de mon âge! ou alors c'était dans une autre vie, mais je n'y crois pas! je dois être en train de devenir dingue!

     De nombreuses fois, dès que je me couchais, j'entendais Christian me répéter que Domi était mon fils et me pressait de le contacter pour lui en parler!  Mais je n'y croyais pas et je ne voulais pas passer pour une cinglée! Il me disait aussi de contacter un certain "Philippe", mais je ne savais pas de qui il parlait.

      Plus tard, j'ai appris par Domi, que son frère aîné, prénommé Christian, était décédé à cette période, d'un accident de moto!  Je n'avais jamais rencontré ses frères et je ne connaissais pas leurs prénoms! Christian était considéré comme un héros ou un modèle, pour sa famille et ses amis. Et son autre frère s'appelle Philippe.

     Au moment-même où j'écrivais ces lignes, j'ai entendu un esprit me dire que sa mère était là près de moi! j'ai ressenti des frissons doux dans mon dos, comme si quelqu'un passait sa main pour me caresser.

     (à suivre)


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