• Réminiscence de vie antérieure

    Réincarnation, tableau 12P, à l'acrylique.

    On entend souvent les petits enfants commencer à raconter quelque chose en disant: "quand j'étais grand..." on l'interrompt pour le reprendre et on rit de son "erreur" de langage. Mais si on le laissait parler et si on écoutait ce qu'il veut dire au lieu de lui faire la leçon, on pourrait avoir des surprises, surtout s'il disait:"quand j'étais grand ... j'étais ton grand père"

    C'est ce qui m'est arrivé lorsque j'avais 7 ans, après une fracture du crâne à l'arrière de la tête, que mes sœurs m'avaient infligée, involontairement en jouant. Cet accident m'avait plongée plusieurs jours dans le coma. Sans m'examiner, le médecin avait décrété que j'avais une méningite, une maladie très à la mode, et avait prévenu ma mère que si je n'en mourrais pas, je resterais débile mentale! Ma mère refusa de m'envoyer à l'hôpital, et décida "de laisser faire la nature".

    Ma grand-mère me garda chez elle pour s'occuper de moi malgré mon état comateux. Dès que je rouvris les yeux, elle me levait pour me nourrir, faire mes besoins et me laver, en me tenant comme un bébé, car je "dormais debout" et je ne pouvais pas tenir ma tête droite sans éprouver une douleur insupportable! Dès qu'elle me recouchait, je retombais dans un sommeil semi-comateux, qui a duré plusieurs semaines. Elle m'a sans doute sauvé la vie. 

    Quand elle me tenait contre elle, et que ma tête était posée sur son épaule, je ressentais un grand sentiment de tendresse dans le cœur. Quand je sortais de ma léthargie, j'ai eu plusieurs fois envie de lui dire "ma petite fille", mais ma raison raisonnante me faisait dire: "ma petite mémé" .

     Quand je repris vraiment mes esprits, je demandais souvent à ma grand mère de me parler de ses grands parents. Elle disait qu'elle aimait beaucoup sa grand-mère et mon cœur se remplissait de joie. Mais elle refusait catégoriquement de parler de "ce vieux fou" ainsi qu'elle qualifiait son grand-père: ça me peinait beaucoup, j'aurais voulu qu'elle me dise qu'elle l'aimait aussi.

    Un jour, le coeur serré par cette question qui m'obsédait depuis que j'étais sortie du coma, je lui ai demandé:

    -" Mais pourquoi tu es fâchée contre lui, qu'est-ce qu'il t'a fait?"

    Elle m'a répondu d'un ton sec qu'elle ne voulait pas en parler. J'étais très déçue mais j'insistai:

    - "Et pourtant tu m'aimes?"

     Elle m'a regardée d'un air surpris:

    -" Oui, mais ça n'a aucun rapport avec lui!"

    Dans ma tête je criais: "Si ! parce que c'est moi ton grand père!" Mais les mots ne franchirent pas mes lèvres et j'écartai cette affirmation absolue, de peur que ma grand-mère ne me rejette. Je risquai d'exprimer timidement mon idée sous forme d'une question:

    - Et si j'étais ton grand père, tu m'aimerais encore?

    - Mais tu divagues! arrête de dire des bêtises, ce n'est pas possible! Réfléchis, comment tu pourrais être mon grand-père?

    Effectivement, j'ai réfléchi en faisant un "retour sur moi-même" pour constater mon état de petite fille, j'ai admis sa logique et je me suis sentie soulagée d'un grand poids: c'était comme si je me réveillais d'un mauvais rêve, et je redevins insouciante et joyeuse, comme avant mon accident.

    Ma grand-mère était une vraie catholique pratiquante, qui connaissait par cœur la messe en latin du début à la fin, y compris les oraisons du prêtre et tous les Évangiles! Elle était l'organiste de sa paroisse car elle était une musicienne réputée à Bordeaux où elle avait fondé une école de musique "l’École Mozart", florissante avant la guerre de 14-18, mais qui a périclité quand la guerre a éclaté.

    Tous les dimanches à la messe, elle chantait son credo avec ferveur en s'accompagnant à l'orgue, et clamait avec tous les fidèles: "Et expecto resurrectionem mortuorum, et vitam venturi saeculi", qui signifie littéralement: " Et j'attends la résurrection des morts, et la vie des siècles à venir", mais qui est devenu dans la traduction courante en français: "je crois à la résurrection de la chair, et à la vie éternelle", d'où l'idée de réincarnation était totalement bannie et considérée comme une hérésie ou une folie.

    Pourtant dans l'Évangile de Mattieu XVII; 10,11, quand les disciples demandent à Jésus: "Pourquoi les scribes disent-ils qu’Élie doit venir?" Jésus leur répond: "Oui, Elie doit venir pour remettre toutes choses dans l'ordre. Or, je vous le déclare, Élie est déjà venu, et ils ne l'ont pas reconnu, mais ils lui ont fait ce qu'ils ont voulu". Les disciples comprirent qu'Il leur parlait de Jean Baptiste.

    J'avais lu, dans un revue ésotérique dont je ne me souviens plus la référence, que les autorités chrétiennes avaient peu à peu banni la notion de réincarnation dans les dogmes, pour éviter les abus relatifs aux dettes contractées par les parents ou les grands parents et qui les reportaient sur leur progéniture dans laquelle ils étaient censés se réincarner. Il arrivait que les parents "vendaient" leur enfant censé être la réincarnation de l'ancêtre à celui dont ils étaient les débiteurs pour effacer leurs dettes.

    Dans son livre "Essai d'Initiation à la Vie Divine", Notrami attribue la négation de la croyance en la réincarnation dans la religion catholique, à une "erreur de vocabulaire":

    " Tout porte à penser que lorsque les pères construisirent le Credo, ils n'entendirent pas, à ce moment, en employant le mot "Résurrection" vouloir mettre en cause la croyance aux vies successives, croyance qui était partagée par Jésus, les Apôtres et les chrétiens de ce temps-là.    

    Mais ce mot de Résurrection fut plus tard attribué par les prêtres, à la Résurrection générale et finale, et ils introduisirent dans leur enseignement, l'idée d'un Purgatoire, d'une durée indéterminée pour les âmes qui n'étaient pas en état de péché mortel. C'était du même coup, renforcer leur rôle d'intermédiaire entre les vivants et les disparus de ce monde; et en retirer ainsi, pour leurs services, un bénéfice des plus appréciables...

    Si, au lieu du mot Résurrection, les promoteurs du Credo avaient employé le mot Réincarnation (de l'Esprit et de l'âme dans la chair), tout aurait été correct".

     Je n'ai pas repensé au grand-père de ma grand-mère avant longtemps, et j'avais totalement même oublié cet accident et ses circonstances. C'est seulement lorsque ma mère est morte, il y a une dizaine d'années qu'elle m'a "raconté" ce qui m'était arrivé, en me replongeant dans le passé et en me le montrant comme dans un film. Elle-même, de son vivant, n'avait jamais su que ma "méningite" était en réalité une fracture du crâne. Pourtant ma sœur aînée ne cessait de répéter que je n'avais pas été "malade", mais ma mère ne l'écoutait pas! C'était la seule qui savait comment l'accident m'était arrivé, mais elle n'a  jamais voulu l'expliquer, et me traitait de menteuse quand je lui disais que je ne me souvenais de rien. Elle ne savait pas qu'un traumatisme crânien pouvait effacer la mémoire. Mais longtemps après, en écrivant je le revois et je le revis en pensée, comme si c'était hier!

    Mes soeurs jouaient souvent à me porter et me faire exécuter des acrobaties. Ma soeur aînée qui n'avait pourtant que trois ans de plus que moi, était très forte et très habile, mais la seconde qui était aussi très forte, était plus "étourdie", et je craignais qu'elle ne me fasse du mal. Ce jour-là elle voulut absolument me porter sur ses épaules, en sautant pour imiter le galop du cheval mais lorsqu'elle s'est arrêtée, elle s'est assise d'un bond sur son lit qui était contre le mur, ma tête a été projetée en arrière et a heurté violemment le mur: ça a fait comme un bruit de noix de coco qui se casse, et j'ai eu le temps de voir ma soeur aînée faire la grimace dans une mimique de douleur et d'affolement. Je suis tombée sur le lit et j'entendais ma soeur, me presser de ne rien dire, de peur d'être punie. C'était arrivé en début de soirée, et voyant que je ne bougeais plus, mes soeurs me déshabillèrent et me mirent dans mon lit, j'étais encore consciente mais incapable de parler ou de bouger. Lorsque notre grand-mère vint nous chercher pour le dîner, ma soeur aînée lui a dit que je ne voulais pas manger parce que j'étais fatiguée et que je voulais dormir. Puis je suis tombée dans le coma. Quand je me suis réveillée, la chambre avait été complètement déménagée, les lits de mes soeurs avaient été enlevés, et  par la porte de la chambre de mes grands parents, je voyais mes soeurs qui pleuraient et protestaient:

    -elle n'est pas malade, criait ma soeur aînée en pleurant, elle fait la comédie! regarde-là, elle ouvre les yeux!

    - allez-vous en! disait ma mère, laissez-là, elle est très malade, c'est contagieux! Il faut partir!

    J'ai demandé à ma grand mère qui était assise près de moi:

    - Mais où sont les lits de mes soeurs? et où vont-elles? je veux mes soeurs!

    Je tentai de lever la tête pour les appeler, mais un violente douleur derrière la tête m'arracha un cri. Ma grand mère me dit de me calmer et je me rendormis aussitôt

    Mes soeurs partirent en pension, un bon mois avant la rentrée scolaire alors au mois d'octobre! Ma soeur aînée n'osa jamais raconter l'accident, mais elle m'en voulut à vie parce qu'elle me reprochait de n'avoir rien dit (alors que je ne me souvenais de rien!), et me maltraita quotidiennement dès que je la rejoignis dans la pension, l'année suivante.

     Il y a quelques jours alors que je repensais à cet accident chaque matin jusqu'à ce que je l'écrive, j'ai entendu la femme de cet ancêtre me dire, en s'adressant à moi comme si j'étais encore son mari:

    - Je t'ai attendu passivement pendant plus de cinquante ans! A bientôt!

    Je pense qu'elle était venue, pour m'aider à me remémorer l'accident et me faire comprendre comment j'avais pu entrevoir qui j'avais été dans ma vie précédente. Je l'ai entendue plusieurs fois me dire qu'elle m'aimait et en partant, elle a voulu me dire qu'elle avait vécu à côté d'un homme qui n'avait pas su s'intéresser à elle pendant leurs cinquante ans de vie commune! L'attente dont elle parle ne concerne pas ma vie actuelle, mais celle qu'elle partageait avec cet homme que j'avais été.

    Dans les prochaines pages je vous raconterai le drame que ce couple a vécu, et pourquoi, cet ancêtre était devenu "ce vieux fou" dans la famille, et par conséquent pourquoi je suis (encore) là!

     

    NB- Je précise que ma fracture n'était pas ouverte, c'était une "fêlure", et il n'y avait pas eu de saignement visible, il aurait fallu faire une radio. Cependant, vers l'âge de 40ans, en me massant un kiné a pu la déceler. Il m'a demandé quand je m'étais fait cette fracture, je lui ai répondu que je n'en avais jamais eue! mais il en était sûr, et il m'a dit que j'avais dû l'avoir avant l'âge de dix ans. Très fort ce Kiné!


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