• 22- Ange ou François...

    A sa mort, François était un jeune homme révolté, plein de colère, de regrets et de haine à cause de sa vie gâchée par la volonté de son père, pour des considérations matérielles et sociales. Séparé brutalement et éloigné de la jeune fille qu'il aimait, enrôlé malgré lui dans l'armée, et exilé dans un pays dont il ne supportait pas le climat, ce jeune homme fragile, décédé prématurément, s'était "accroché" à moi quand je me suis retrouvée moi-même exilée et abandonnée dans un pensionnat à l'âge de huit ans, où mes conditions de vie n'étaient guère plus favorables que celles qu'il avait connues à l'armée. Jusque là, j'avais vécu et dormi "comme un bébé"!

    Auparavant, je vivais chez ma grand-mère et je n'allais pas à l'école, car j'avais eu une fracture du crâne en jouant avec mes soeurs, qui avaient eu trop peur de se faire gronder pour expliquer l'accident à ma mère. Au lieu de m'examiner sérieusement, le médecin avait diagnostiqué "à vue de nez" une méningite! et il avait dit à ma mère que si je n'en mourrais pas je resterais débile, en conséquence ma mère ne jugea pas nécessaire de m'envoyer à l'école. Mais dès que ma fracture du crâne fut guérie, je réclamais souvent d'aller avec mes soeurs qui étaient en pension depuis mon accident, avant même le début de l'année scolaire car le médecin avait ordonné de les éloigner de peur de la contagion!!!
    Ma tante, qui venait souvent chez ma grand-mère, était accompagnée sans le savoir, de son ancien amoureux qui ne pouvait communiquer avec elle. François comprit que je pouvais l'entendre et reporta sur moi son besoin se s'attacher à quelqu'un, sans aucune mauvaise intention.

    Ainsi que je le raconte dans ma page:"5- Premières visions", c'est lui qui éclairait ma vie d'enfant en m'envoyant des images féériques et en me contant chaque soir des histoires "en technicolor" avant de m'endormir. Mais je pense aussi qu'il m'aidait et me motivait pour faire mes devoirs et apprendre mes leçons : je les étudiais rarement, il me suffisait de lire  une page une seule fois, pour que le lendemain, lorsque j'étais interrogée, je revoyais la page "devant mes yeux" si je regardais à l'intérieur de ma tête. Quand il m'arrivait de buter sur un problème, je restais rêveuse un moment ou je gribouillais des dessins sur mon cahier de brouillons, jusqu'à ce que la solution arrive d'elle-même. Je trouvais tout cela naturel, et je pensais que tout le monde fonctionnait de la même façon. Mais l'élève, qui était assise à côté de moi, voyant que je ne faisais aucun effort et que j'avais les meilleures notes, disait souvent que "ce n'était pas juste!" car elle travaillait beaucoup, et parfois très tard, pour faire ses devoirs, et apprendre ses leçons "par cœur" comme l'exigeait la sœur.

     Lorsque la soeur me somma de rejeter les visions, et donc de rejeter celui qui me les envoyait, je pense qu'il m'en voulut de lui obéir, et qu'il eut encore à souffrir de la bêtise humaine et de l'aveuglement mental de la soeur, car il avait besoin d'exister en participant à ma vie. Dans son cas on pourrait qualifier son attachement "d'obsession" plutôt que de "possession"  car il ne m'avait jamais fait faire des bêtises (j'étais une enfant "sage"), ni ne m'avait fait ressentir de l'hostilité envers qui que ce soit. La colère qu'il éprouvait contre les personnes qui détenaient l'autorité et infligeaient des sévices aux enfants et aux jeunes gens qui s'aimaient, ne put que s'accroître, et il me la communiqua, car dès lors, je devins méfiante et hostile envers la soeur, mais jamais ouvertement, et je développai un esprit critique à son insu. S' il m'arrivait de vouloir exprimer une objection, j'étais retenue par un "non!" impératif qui surgissait dans mon esprit. Il savait que la soeur aurait pris cela pour de l'opposition ouverte, et qu'elle ne l'aurait pas supporté sans m'en tenir rigueur.

    François (ou Ange?) me protégeait aussi d'éventuelles agressions, en m'avertissant d'un danger ou en m'interdisant un contact. Je me souviens particulièrement du jour où j'ouvris la porte de ma chambre alors que j'étais chez mes parents, je trouvai mon beau-père juste derrière, avec un air bizarre de gamin têtu, les yeux baissés. J'eus un élan affectueux et l'envie de m'approcher de lui pour lui demander ce qui n'allait pas, mais j'entendis un "NON" alarmiste et, sans comprendre, je descendis rapidement l'escalier: J'ai su plus tard que mon beau-père menaçait ma mère de me violer si je continuais à venir la voir, quand j'ai approché l'âge de 14 ans, âge limite de la pension ! Car c'était sa maison et il ne voulait pas que je vienne vivre avec eux:

    -Vous êtes chez moi! vous me devez tout, même l'air que vous respirez! nous disait-il souvent

      Ce jour-là, il devait ruminer de mettre sa menace à exécution. Il savait qu'il ne risquait rien, car ma mère, qui était greffier aux affaires familiales, voyait passer de nombreux cas où seuls les enfants étaient pris en charge par la DDASS  et placés, à partir de l'âge de 14ans, dans des Bons Pasteurs, comme si c'étaient eux les délinquants!                                                                

    Les hommes, responsables de viols ou d'agressions sur les enfants de leur famille, rentraient tranquillement chez eux sans être inquiétés: c'est ce que mon beau-père avait déjà fait à l'une de mes sœurs pour s'en débarrasser, et en guise d'avertissement, il me tabassait sans raison, chaque fois que je venais au début des vacances. Ma mère n'intervenait pas de peur qu'il la "f...dehors" car ils étaient mariés sous le régime de la séparation de biens. Il a fallu attendre la fin du XXè siècle, pour que la parole des enfants soit prise en compte dans les affaires de viols et de maltraitance.

      Puis François joua son rôle de démon en se faisant connaître sous le nom d'Ange lorsqu' Henri vint m'ouvrir les yeux sur la réalité du monde des Esprits. Mais ce qu'il écrivait avec ma main par écriture automatique exprimait plus de souffrance que de méchanceté. Je le comprends maintenant, mais pendant la période où je le vivais cette relation avec les esprits, j'étais remplie de craintes et de questions diverses et je ne savais où trouver des réponses.  C'était  en désespoir de cause que j'avais laissé "Ange" s'emparer de ma main pour s'exprimer, dans l'espoir qu'il m'expliquerait sa présence et son rôle auprès de moi.

    Parfois, ayant un doute, je lâchais légèrement ma pression sur le stylo, Alors Ange écrivait:

    - Il est inutile de lâcher le stylo, c'est toi qui le tiens mais c'est moi qui tiens ta main et qui écris! Et tu sais ce que je vais écrire parce que tu m'entends penser! tu te souviens...

    et là il me racontait un épisode de ma petite enfance qui n'a aucun intérêt pour cette page, entrecoupé de réflexions que je me faisais à moi-même. Ange réagissait à la moindre de mes pensées:

    - Ne pense pas à autre chose qu'à ce que j'écris, parce que je veux t'écouter penser et tu me fais perdre le fil!

    Quand je me suis dit que son style était clair, il écrivit:

    - Oui j'écris bien, espèce d'idiote! as-tu fini de me faire perdre du temps? Veux-tu que je te raconte "nos souvenirs communs", oui ou non?

    Lors d'une autre interruption de son récit où je pensais que personne ne pourrait croire que c'était une autre entité que mon propre esprit qui me faisait écrire, il écrivit avec une certaine malice:

    - Tu as raison de penser que tous ces c...de psy à qui tu le feras lire te prendront pour une folle et ils t'enfermeront! j'en profiterai pour t'inciter à faire des tas de trucs dingues que font certains malade mentaux qui sont moins malades que ceux qui les soignent! ce sont eux les infirmes aveugles qui ne sont pas capables de voir ce que leurs sujets psy peuvent voir et entendre. Mais tout ce que j'écris peut être pris dans un sens ou dans un autre, tout peut démontrer une thèse ou l'infirmer, et ne t'imagine pas que tu pourras convaincre les autres que ce n'est pas toi qui écris, mais ton petit démon préféré. Bon! je continue...

    Une nouvelle interruption parce que je me demandais quelle était la part de vérité dans ses anecdotes où foisonnaient des explications et des jugements sur les idées et les comportements des gens qui faisaient partie de ma vie:

    - Mais ma chère, croyez-vous que je sois ici pour ne dire que des choses vraies? je ne suis là que pour t'embrouiller les idées! Tiens par exemple, l'idée simpliste du bien et du mal est une trouvaille qui, lorsqu'elle commence à vous triturer l'esprit, vous force à surveiller votre comportement de telle façon  qu'elle vous incite à pécher soit par un puritanisme orgueilleux, soit par la révolte et la recherche égoïste de la satisfaction de vos instincts et de vos ambitions!

    Je sentais une sorte de haine et de colère derrière ses mots. Je me dis que je ferais mieux d'arrêter:

    - NON! n'arrête pas! je veux continuer! je veux que tu me laisses faire! j'ai envie de te garder, de te bouffer, de te posséder, d'être toi, d'être toi, d'être toi! Je veux être toi un petit instant , juste pour te faire souffrir un peu, autant que je souffre de cette haine qui m'étouffe, qui m'étouffe, qui m'étouffe...

    J'avais relevé ma main. Je ressentais son angoisse avec une telle intensité que je ne pouvais plus "y jouer"! Je me demandais avec inquiétude quelles pouvaient être les conséquences d'une telle "association". N'allais-je pas accroître le pouvoir qu'il avait sur moi? ou était-ce encore un mensonge ce soi-disant "pouvoir"car je m'inquiétais de voir avec quelle facilité ma main lui obéissait.

    Malgré moi, ma main revint sur le papier:

    - Qui vivra verra! écrivit-il. Mais maintenant tu es sûre que c'est ton petit démon préféré qui écrit et non toi, et ce que les autres en penseront , tu t'en fous, car toi, TU SAIS! Et c'est toi qui fais le choix!

    Je me levai et j'allai passer mon bras longuement sous l'eau froide pour faire passer la sensation d'engourdissement et de chaleur. Après cette discussion, je n'ai jamais recommencé l'expérience.

    Mais Ange a continué de taper pratiquement tous les soirs autour de mon lit pour que j'échange avec lui, mais je refusais toujours, en faisant mine de l'ignorer. Lorsque ma tante est décédée je n'ai plus entendu ces petits bruits, qui m'étaient devenus familiers. Je n'ai jamais parlé de François à ma tante, pour elle c'était un sujet tabou, et en vieillissant, elle avait perdu le sens des réalités.

     

     J'appelle cet esprit Ange, comme il s'est présenté en tant que "démon", et François quand il s'agit de sa dernière incarnation.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mr MAKHLOUF Karim
    Lundi 29 Décembre 2014 à 08:20

    Bonjour ; très beau récit ; à votre place, j'aurais continué à contacter François et ensuite aider dans sa démarche, à aller vers la Lumiére. Il a du partir triste, avec ses ressentiments, ce qui n'est pas bon pour lui, pour son avancement ; il rique d'étre dans le Bas Astral ou de subir une dure réincarnation. Dommage pour vous deux. Mércipour votre blog et bonne journée.

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    2
    Mardi 30 Décembre 2014 à 19:41

    Bonsoir Karim, je pense qu'il a dû changer de plan quand ma tante est décédée,

    personnellement je n'ai jamais contacté un esprit volontairement,

    merci de ton com, bises

     

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