• 26- Pensée magique

    Avant de continuer mon récit sur les souvenirs de mon incarnation précédente, je fais une parenthèse pour relater un incident en rapport avec la pensée magique, incident qui me revient en mémoire régulièrement depuis plusieurs jours et dont je dois me "débarrasser" pour pouvoir continuer mon récit, sinon l'esprit qui me le rappelle ne me lâchera pas tant que je ne l'aurais pas écrit!

    La pensée magique consiste à interpréter un événement comme étant la cause d'un autre, sans qu'il n'y ait de mécanisme plausible qui puisse expliquer le lien de cause à effet entre les deux. La psychologie suggère que la pensée magique constitue une tentative d'échapper à l'angoisse de l'inconnu (« mieux vaut être dans l'erreur que dans l'incertitude »)

    La pensée magique est le moteur de toute capacité d'imagination et d'invention : il a fallu  d'abord imaginer voler avant de pouvoir concevoir un avion!

    "Croyez-vous que les sciences auraient jamais pu se développer et grandir, si elles n'avaient eu pour avant-garde les magiciens, les astrologues et les sorcières dont les promesses et les mirages devaient d'abord susciter la soif, la faim, l'agréable avant-goût des puissances cachées et interdites? Ne voyez-vous pas qu'il a fallu que fut promis infiniment plus qu'il ne pouvait jamais être accompli, pour que seulement quelque chose pût s'accomplir dans le domaine de la connaissance?" Nietzsche, "le Gai Savoir"

     La pensée magique est considérée comme la forme de pensée des enfants et des ignorants, mais c'est un jugement réducteur et méprisant de la psychologie qui se veut strictement logique, rationnelle et cartésienne. Ce n'est pas toujours facile d'avoir une "sensibilité intuitive", surtout quand on a une profession "normale" dans une société matérialiste, rationnelle et sceptique...et que les circonstances nous obligent à "prédire" un événement dangereux pour éviter un accident...non seulement personne ne nous croit mais quand l'événement "prévu" se produit, on est soupçonné de l'avoir provoqué et on "fait peur" comme si on était une "mauvaise sorcière". Malgré leur intellect évolué, beaucoup de gens ont peur des "pouvoirs mystérieux" des médiums, et nient les faits prédits en leur cherchant "à tous prix" des causes rationnelles, quitte à manquer totalement de logique et à s'appuyer sur des hypothèses matérielles infondées parce qu' ils ne peuvent pas admettre la réalité du monde spirituel.

     J'avais pris un poste de titulaire remplaçant dans l'Education Nationale, pour ne plus avoir à faire une paperasse de plus en plus envahissante dans mon métier d'enseignante et pour échapper aux réunions interminables avec des parents de plus en plus tatillons et exigeants. J'avais été envoyée en remplacement pour une semaine dans une classe de tout-petits d'école maternelle.

    Lorsque j'arrivai, les enfants avaient déjà été rassemblés par la dame de service, dans un coin de la classe, réservé à l'accueil et au langage. Avant même de m'asseoir avec eux, je repérais immédiatement un énorme radiateur de 2x2m, suspendu à quinze centimètres du sol et sous lequel des petits pieds et des petites jambes traînaient. La première chose que je fis sans réfléchir, mais mue par une inquiétude irraisonnée, fut de tirer les enfants plus loin en leur disant de ne pas se mettre dessous, que c'était dangereux!

    La dame de service me contredit aussitôt en me rétorquant qu'ils avaient l'habitude de se mettre là et qu'il ne fallait pas changer leurs habitudes pour le peu de temps que j'allais passer ici!

    - Tant que je suis là, c'est moi qui suis responsable, et je vous interdis d'asseoir les enfants près de ce radiateur!

    Je le lui dis très fermement en lui expliquant que je craignais que le radiateur ne leur tombe dessus!

    - Mais ce radiateur est là depuis la construction de l'école et il n'est encore jamais tombé, me répondit-elle en se moquant de ma peur.

    - Justement! il n'est encore jamais tombé mais il pourrait très bien tomber demain ou après demain! Vous imaginez ce qui se passerait si des enfants avaient les jambes ou les pieds dessous, comme quand je suis arrivée?

    Après une brève discussion, la dame partit en colère de la classe, alors qu'elle devait m'aider à poser les ateliers et s'occuper d'un groupe d'enfants, et je ne la revis plus dans la classe. Elle restait dans le couloir et ne m'aidait que pour habiller les enfants au moment des récréations. Quand je sortis de la classe, je vis qu' elle avait raconté l'incident à ses collègues, car elles me regardèrent de travers avec une moue de mépris, comme si elles me croyaient folle!

    En fin de matinée la Directrice vint dans ma classe pour me demander ce qui s'était passé et me reprocha de perturber les enfants en changeant leurs habitudes:

    - ils s'adapteront, répliquai-je, mais je ne veux pas qu'ils se mettent sous ce radiateur que je trouve dangereux! je ne sais pas comment il tient et je n'ai pas confiance!

    Elle me quitta en haussant les épaules et en lançant un pffffft de dédain!

    Le jeudi matin suivant, à ma grande surprise, le radiateur était posé par terre, mais debout le long du mur.

    - Ah! dis-je à la dame de service qui surveillait les enfants en m'attendant dans la classe. Quelqu'un est venu le poser? je préfère ça, c'est plus prudent! mais ils auraient mieux fait de l'emporter!

    Sans répondre, la dame quitta la classe et revint peu après avec la directrice:

    - C'est toi qui es venue le faire tomber! me dit-elle brusquement sans préambule.

    Incrédule je l'ai regardée en disant:

    - tu plaisantes, je suppose?

    Mais elle pinçait les lèvres et me regardait fixement, avec une colère retenue et une pointe d'interrogation qui se lisait sur son visage.

    - et dis-moi quand aurais-je fait ça? l'école n'est-elle pas fermée le mercredi? comment serais-je entrée alors que je n'ai pas les clés?

    Elle acquiesça avec une moue dubitative. Je continuai:

    - Est-ce que tu me prends pour un plombier? tu crois que je suis capable physiquement de manipuler cet engin qui doit peser deux tonnes? tu m'as bien regardée?

    Une autre moue, un haussement de sourcil, un signe de tête, pour exprimer que ça lui paraissait peu probable. Mais je voyais qu'elle se mordait les lèvres pour s'empêcher de poser une question. Je sus tout de suite ce quelle avait à l'esprit: "mais comment tu pouvais savoir que le radiateur allait tomber?" mais son esprit rationnel la retenait de poser une question aussi stupide! c'est moi qui la posai à sa place:

     - Ou bien tu me prends pour une magicienne? tu penses que j'ai fait tomber ce radiateur par la force de ma pensée? ou alors, vous n'êtes que des irresponsables dans cette école: dis-moi que tu n'avais jamais pensé que ce gros radiateur suspendu pouvait tomber?

    Elle fit non de la tête et tourna les talons sans me répondre. Mais j'ajoutai avant qu'elle passe la porte:

    - s'il y a d'autres radiateurs comme celui-là dans ton école, tu ferais bien de les faire déposer au sol! ce qui vient d'arriver pour celui-là pourrait se reproduire dans une autre classe

    Et tout le temps que je restai dans cette école, aucune collègue ne m'adressa plus la parole! Ma dame de service ne venait dans la classe qu'à contre coeur pour surveiller la sieste, car c'était son travail, mais elle avait peur de rester avec moi, comme si j'allais lui jeter un mauvais sort!

    Le fait de prédire un phénomène physique à l'avance, hors de tout contexte plausible ou prévisible, fait soupçonner celui qui le prévoit, d'agir sur les choses par sa seule pensée! Mes collègues ne pouvaient pas croire qu'il soit possible de prédire quelque chose qui leur paraissait improbable, mais elles trouvaient logique d'imaginer que ma pensée aurait pu agir pour faire tomber le radiateur! J'étais soufflée par cette logique irrationnelle trop souvent répandue parmi les gens "normaux" qui me croient investie de "pouvoirs maléfiques": dans leur esprit, le radiateur n'était pas tombé parce que le support était inadéquat par rapport à son poids, mais parce que je l'avais dit! comme si j'avais "jeté un mauvais sort" sur le radiateur par la "force" de ma parole!

    C'est une forme de pensée inconsciente et irréfléchie, qui a eu des conséquences effroyables pour les devins et les sorciers qui étaient mis à mort  dans les époques où l'ignorance, les superstitions et la peur dominaient les esprits!

    Je vais m'enhardir à faire une supposition : je pense que je n'avais pas été envoyée par "hasard " à ce moment précis dans cette école, mais qu'il y avait eu une "chaîne de circonstances" pour que je sois là au bon moment, afin de prévenir un accident: tout est possible, la réalité dépasse l'imagination humaine. Un esprit cartésien pourrait dire qu'il n'y avait qu'une coïncidence entre mon arrivée dans cette école et la chute "imprévisible" du radiateur. Mais pour moi, c'est mon ressenti qui fait la différence, car dès que je sens un danger proche, je suis ébranlée par un tremblement au niveau de la poitrine et mon esprit se met en alerte de façon quasi obsessionnelle, jusqu'à ce que le danger soit écarté. Si on me contredisait, je m'imposais avec une détermination qui surprenait, et je comprends que mon attitude ait pu intimider la dame de service! Je sais qu'on ne me croit pas quand je pressens quelque chose même sans en avoir conscience, et c'est pour ça que j'ai développé une grande force de conviction pour éviter un accident, et à cause de cela je me trouvais souvent en opposition avec beaucoup de gens avant l'incident, et exclue du groupe par méfiance après!

    Quand je préviens d'un danger, je ne pense pas que "ça va arriver" mais plutôt que "ça pourrait arriver" mais plus j'ai des frissons de peur, plus le danger me paraît imminent, surtout lorsque j'avais la responsabilité d'une classe ou d'une école. Quand je n'étais pas personnellement impliquée et qu'on doutait de mes avertissements, j'avais plutôt tendance à prêcher "deux précautions valent mieux qu'une" ou à laisser courir quand on me prenait pour une cinglée car souvent je pensais qu'on ne pouvait pas lutter contre le destin quand il est impossible de convaincre les sceptiques accrochés à leurs certitudes et à leur vision du monde.

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Janvier 2015 à 00:06

    Coucou,je pense que j'aurais eu la même réaction que toi ....je ressens parfois certaines choses mais parfois je ne ressens pas et il arrive quelque chose!

    Amities

    2
    Lundi 26 Janvier 2015 à 07:50

    Bonjour Caroline,


    j'ai pris beaucoup de retard dans mes lectures ici. Je reviendrai la semaine prochaine, pendant les vacances .


    Ce genre d'intuition est n'est pas rare dans ma famille. Aussi je suis en pays de connaissance avec toi.


    Je me souviens , il y a longtemps, de notre arrivée dans un camping, dans Les Landes, près de la côte. J'ai oublié où. C'était l'été, et la chaleur était accablante. Papa choisit un bel emplacement sous de superbes pins. Il n'était pas facile de trouver aussi rapidement un bel espace pour une tente de 8 places. Nous étions tous ravis... sauf ma mère. Elle  refusa ca-té-go-ri-que-ment de rester là. Comme Papa protestait avant ses arguments pour, Maman, elle, campait sur ses positions, sans explication rationnelle à lui opposer. Elle "sentait" qu'il ne fallait pas planter la tente sous les arbres. Cela tournait presque à l'hystérie. Aussi Papa , fatigué par la route sans doute, renonça et chercha une place dégagée, loin des arbres... en plein soleil donc. Nous, les mômes râlions tout bas. Nous restâmes dans ce camping trois jours, terminant ainsi nos vacances.  De retour à la maison, deux jours après je crois, nous apprîmes par la TV qu'une énorme tempête avait ravagé , entre autre, ce camping. Chutes de pins en tout sens. Maman a juste dit: " je sentais bien que quelque chose allait arriver!" . Des exemples tels que celui-ci, il y en a eu d'autres avec Papa, elle ou un membre de ma fratrie.


    Merci pour ton partage Caroline. C'est passionnant


    Bises


    ;)

    3
    Lundi 26 Janvier 2015 à 10:00

    Merci à toi , Martine, pour ce récit, c'est vrai que lorsqu'on "sait" qu'il va se passer une catastrophe on est souvent perçu comme des hystériques, ça m'est arrivé souvent! Dans cette histoire, j'ai pu "vérifier" mon intuition, et retourner le mauvais jugement que les autres avaient de moi! ça rassure! à force d'être mal jugé pour nos intuitions, on développe le "complexe de Cassandre", j'en ai déjà parlé précédemment. bises

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    4
    Lundi 26 Janvier 2015 à 10:23

    bonjour Capitaineecho, on ne peut pas tout ressentir ni tout prévoir, heureusement, sinon, notre vie serait impossible! mais dans mon histoire, je pense que mon intervention avait un caractère d'urgence, et qu'une force m'avait poussée à réagir vivement. Dans cette classe, j'ai dû "redresser" le comportement laxiste et irresponsable de la dame de service, et probablement de la maîtresse que je remplaçais! car il y avait plusieurs points de danger qu'elles ignoraient, en particulier une mezzanine à 2,50m de hauteur, où les enfants couraient et enjambaient la rambarde, au risque de faire une chute: j'y ai installé le coin lecture, et j'ai interdit les jeux sur la mezzanine! Les enfants n'ont eu aucun mal à s'adapter et à respecter mes consignes! Par ma vigilance et mon expérience, mais surtout par la preuve que la chute du radiateur leur avait démontrée, les responsables de cette classe ont sans doute repensé leur attitude, malgré l'opposition et la mauvaise volonté de la dame de service qui  acceptait mal mes consignes... mais j'étais certaine que le danger immédiat venait du radiateur!

    Merci de ta visite, bises

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