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17- Médiums et esprits
Lorsque j'avais accusé la soeur d'être responsable de ce qui m'arrivait (page précédente), c'était parce que j'ignorais encore pourquoi elle mettait tant d'insistance à se manifester et à vouloir me parler. Je pensais qu'elle pouvait être un mauvais esprit qui s'accrochait à moi, ou qui cherchait à prendre possession de moi. J'ai compris plus tard, qu'elle venait au contraire pour me faire retrouver la foi, et m'empêcher de mettre fin à mes jours comme je le projetais.
Elle avait fait intervenir Henri peu après sa mort, alors qu'il avait plus de facilité à se manifester, car il pouvait encore utiliser son périsprit (ou enveloppe matérielle fluidique de l'âme), et parce que j'avais eu de l'affection pour lui. Avant, lorsque je voyais la soeur, je la rejetais comme la manifestation d'une névrose, une hallucination due à l'influence qu'elle avait eue sur moi dans mon enfance et mon adolescence. En aucun cas je ne pouvais admettre la présence réelle de son esprit, et en déduire que la vie continuait après la mort physique.
Je m'étais trompée sur ses intentions, et la médium avait abondé en mon sens. De sa part, c'était une erreur d'interprétation, car elle m'avait plus écoutée qu'elle n'avait pu écouter la soeur, et elle s'était surtout préoccupée de me mettre en garde contre les "mauvais esprits" qui se jouent de nos craintes et de nos fausses idées sur la mort et sur le monde des esprits.
Selon Allan Kardec, il y a différentes sortes de médiums, en fonction de leurs aptitudes, et de leur caractère personnel, qui attireraient les esprits bons ou mauvais par rapport à leur disposition mentale. Mais je pense qu'on ne peut pas les ranger dans des catégories définies. Il y a autant de sortes de médiums qu'il y a de personnes ayant cette sensibilité, et cette sensibilité ne se dévoile parfois que lors de certaines occasions, comme le décès d'une personne proche qui cherche à contacter sa famille après sa mort.
Selon le Groupe Diagram ("La force de l'Esprit" aux éd. Marabout), il y aurait les médiums naturels ou involontaires, et les médiums volontaires qui suivent une initiation et appliquent des rites, des recettes et des formules "magiques". Je ne parle pas des faux médiums, ni des charlatans qui ne pensent qu'à tromper et abuser des personnes fragiles.
Mais je pense que beaucoup de personnes sont intuitives et ressentent la présence de leurs proches décédés, sans pouvoir citer un fait précis, mais qui peuvent en "rêver" avec un réalisme qui leur fait penser que leur proche les a visitées. Ils peuvent avoir aussi l'intuition d'un événement à venir. Nos pensées sont souvent inspirées par d'autres pensées que l'on ne sait pas toujours différencier de la nôtre: c'est en entendant parfois des mots qui m'étaient inconnus que je comprenais que quelqu'un d'autre pensait avec moi!
On ne peut pas non plus ranger les esprits en deux catégories, bons ou mauvais, anges ou démons, et croire que les esprits des humains restent "endormis" en attendant le retour du Christ et la résurrection des morts, comme on le récite chaque dimanche à la messe dans le credo. De mon point de vue, je ne pouvais adhérer à l'idée que la soeur m'avait inculquée, que seuls les démons pouvaient se manifester aux personnes "ordinaires" (= qui ne sont pas des saints!). Dans ce cas j'aurais dû la considérer comme un démon ainsi que son frère Henri!
"Les esprits constituent le monde invisible...il y en a sans cesse autour de nous avec lesquels nous sommes en contact...ils ne sont pas des êtres à part dans la création, ce sont les âmes de ceux qui ont vécu sur la terre et dans d'autres mondes, et qui sont dépouillés de leur enveloppe corporelle: d'où il suit que les âmes des hommes sont des Esprits incarnés, et qu'en mourant nous devenons Esprits". Allan Kardec
Je ne suis pas davantage adepte du spiritisme dans la lignée d'Allan Kardec, car je pense que nous ne devons pas provoquer des manifestations ou des communications avec des esprits. Mais les études qu'Allan Kardec a faites en ce domaine sont très intéressantes, et j'estime qu'on peut les considérer comme les premières études scientifiques dans le domaine du "paranormal" (qui, de son temps étaient encore des phénomènes surnaturels) car il faisait des expériences, des observations, en suivant des méthodes et des règles précises pour explorer le monde des Esprits. Il les interrogeait avec respect pour n'attirer que les esprits évolués qui pouvaient s'exprimer pour prouver leur présence intelligente et active.:
" ...ils n'ont perdu que leur corps, mais ont conservé l'intelligence qui est leur essence; là est la clé de tous les phénomènes réputés à tort surnaturels...c'est un résultat d'observations, et la conséquence naturelle de l'existence de l'âme...Tous les phénomènes spirites ont pour principe l'existence de l'âme, sa survivance au corps et ses manifestations"
La pierre d'achoppement, c'est que son étude repose sur la croyance en la continuité de la vie de l'âme après la mort. Pour la plupart des matérialistes, quels que soient les preuves et les phénomènes matériels mis en évidence, ils chercheront toujours un "truc" ou une hypothèse rationnelle en guise d'explication, et lorsqu'ils ne trouvent pas, ils concluront que la science n'est pas encore assez avancée pour donner une explication, mais qu'il y a une explication rationnelle à tout!
Depuis le XXè siècle, la science officielle en médecine du mental, s'est substituée à l'autorité, aux enseignements et aux rites de l'Eglise, pour éliminer les pensées irrationnelles en détruisant les cerveaux! Dans son étude du cas Schreber qui voyait des prodiges dans toutes les manifestations pathologiques de ses réactions physiques, déjà étudié par Freud au XIXè siècle, Morton Schatzman le dénonce:
" Il est fort heureux que nous ayons en main ce livre de Schreber; mêmes impressions, même comportement dans un hôpital d'aujourd'hui, et il était passible du traitement de choc contre la schizophrénie: hautes doses de tranquillisants, électrochocs ou comas provoqués à l'insuline, ou même les deux; et peut-être bien chirurgie du cerveau! Son traitement l'aurait retenu d'écrire ou l'en aurait empêché. Alors qu'en treize années d'hôpital on ne lui prescrivit, à ma connaissance, que des soporifiques et des médicaments sédatifs" (Morton Schatzman: "L'esprit assassiné" publié chez Stock en 1973)
En revenant de Paris, quand j'avais entendu des esprits me crier de foncer dans un arbre, je comprenais que ce n'était pas fini! J'imaginais qu'en se manifestant, Henri avait ouvert une porte de l'au-delà, et que des démons en avaient profité pour sortir de l'enfer et se ruer sur moi! J'étais dans un état de peur panique, et je me sentais seule et désarmée!
Je subissais un choc psychologique violent et je ne savais à qui me confier, ni qui pourrait m'aider à me débarrasser de "véritables démons", puisque le curé du village n'y croyait pas! Il avait raison sans doute, mais sa conception de la vie éternelle ne correspondait pas à ce que le catéchisme m'avait enseigné! Il était certain qu'il me fallait une déprogrammation, comme on le fait maintenant pour les gens qui ont subi une influence sectaire, et que je devais expurger de mon esprit toutes les superstitions pseudo-religieuses qu'on m'avait inculquées en les présentant comme des vérités absolues, mais au moment où je vivais ces événements, j'étais incapable de faire la part des choses.
Un matin, n'y tenant plus je me confiai à une collègue qui était aussi ma voisine. Elle me répondit froidement:
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Si tu es folle, fais-toi soigner!
Quelques mois plus tard, son frère s'est suicidé. Au milieu de la nuit, je l'entendais pousser des cris, pleurer, et en parler à son mari dans ses sanglots. J'ai tenté de la consoler, mais elle me disait que je ne pouvais pas comprendre ce qui lui arrivait, que ce n'était pas possible, qu'elle devenait folle...
- Mais non, lui dis-je, tu es encore sous le choc de la mort brutale de ton frère! Tu n'aurais sans doute rien pu faire!
- ce n'est pas pour ça que je pleure! nous n'étions pas très proches! chacun avait sa vie de son côté! on s'était éloigné l'un de l'autre peu à peu!
- Alors tu te sens fatiguée? tu es dépressive?
Ce n'était pas encore ça! Elle a fini par me dire qu'elle voyait son frère partout! Elle se réveillait la nuit en pleurant parce qu'il essayait de lui parler, elle le voyait à tous moments dans sa maison, elle le voyait aussi parfois dans la cour de l'école, elle croyait qu'elle était en train de devenir folle!
- Je sais que tu vas me dire que c'est son esprit, me dit-elle, mais je n'y crois pas!
Elle est allée voir son médecin pour se faire prescrire des "neuro-saloperies" et elle ne m'en a plus jamais reparlé.
Il est difficile d'admettre une réalité à contre-courant. Entre la folie officielle et la médiumnité, il n'y a qu'une notion de croyance qui fait toute la différence. Pour moi il n'y avait plus moyen de revenir en arrière et d'en douter malgré les épreuves à affronter, dont la plus importante était de combattre ma peur et de m'habituer à la présence des esprits quels qu'ils soient autour de moi. Pour me rassurer, je me disais que j'avais un ange gardien pour me protéger!
La croyance est devenue suspecte, source de folie, de fanatisme et de violence en puissance. L'opinion pense généralement que l'idée de Dieu est source de multiples conflits, car elle a été polluée par les "fidèles", les "croyants" qui ont détourné la parole divine de son véritable sens, pour l'adapter aux besoins de leur ego, de leur appétit de puissance.
"Dieu doit être étudié dans la vie, car il est la vie. Tout ce qui est vivant est Dieu. Le monde passe, mais la vie demeure éternellement". Olivier Manitara
Tags : médium, Esprits, spiritisme, âme, périsprit, paranormal, surnaturel, Schreber, Morton Schatzman, Freud, intuition
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Commentaires
Selon certaines traditions, l'âme peut garder quelques temps le périsprit, avant de se dégager du plan terrestre... Selon le vocabulaire spirite: "Enveloppe semi matérielle de l'Esprit. Chez les incarnés, il sert de lien ou d'intermédiaire entre l'Esprit et la matière. Chez les esprits errants, il constitue le corps fluidique de l'Esprit".
C'est pendant une période d'un mois ou deux après sa mort qu'Henri m'a contactée.
merci de ta visite, bises
3Mr MAKHLOUF KarimDimanche 4 Janvier 2015 à 05:07Bonjour ; là, je comprend mieux ; après la mort et entérrement, l'Ame ou Esprit réste 40 jours, à se promener et visiter ses proches, avant de quitter la térre ; chez les Hebreux et Musulmans, ce sont les 40 jours de deuil ; chez les Catholiques, je ne sais pas trop ; chez cértaines pérsonnes, élles peuvent garder le deuil 6 mois .
Comme tu peux le lire dans mes premières pages, j'ai été élevée par des religieuses catholiques : Un deuil était considéré comme une séparation momentané, et le temps de deuil n'avait pas de limite définie, tout dépendait de l'attachement qu'on avait pour la personne décédée.
Pour les catholiques, l'âme est censée partir au Paradis ou au Purgatoire, ce lieu d'attente et de purification a été inventé par les pères de l'Eglise au Moyen Age, avec le système des "indulgences" qui leur permettait de recevoir des offrandes pour leurs services: plus on achetait des indulgences, moins de temps on restait au Purgatoire, et plus vite on allait au Paradis!!! Pour eux les âmes des morts ne peuvent pas contacter le plan terrestre, à part les démons pour nous tourmenter et nous entraîner vers l'enfer, ou les anges et les saints qui "descendaient du Ciel" pour nous aider! Les catholiques se consolent en se disant que le mort est passé "dans un monde meilleur" et que ce serait folie de croire qu'ils pourraient nous contacter!!! c'est ce que les religieuses m'apprenaient, c'est aussi pour cela qu'elle est restée longtemps après sa mort près de moi (environ 10ans), afin de réparer son erreur qui m'avait fait perdre la foi et la confiance en moi par rapport aux manifestations des Esprits.
Merci de ton com. Bon dimanche, bises
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J'ai relevé une contradiction ou j'ai mal compris ? Henry décédé a gardé son périsprit ? c'est impossible......Et la sœur, vivante ou morte ?