• 29- Réincarnation, réminiscence de ma vie antérieure- suite 2

     Je ne voulais pas admettre que Domi fût Gabriel, et encore moins qu'il avait été mon fils dans notre vie précédente, car c’eût été accepter l'idée que ce "vieux fou" de Jean Thomas (c'était le nom du grand-père de ma grand-mère et le père de Gabriel) n'était autre que moi! Impensable! non seulement à cause de la haine que ma grand mère avait pour lui, elle qui était si pieuse, si bonne et que j'avais adorée, mais surtout parce que ma relation avec Domi devenait en quelque sorte une relation "incestueuse" à travers le temps! Cette idée me paraissait insupportable et grotesque! Lorsque j'ai étudié nos thèmes astraux, j'ai lu qu'il fallait que nous révisions les notions de liens familiaux, à la lumière de "L'Astrologie Initiatique et karmique" de Pierre Lassalle. D'une vie à l'autre, les liens physiques que nous avions dans une précédente vie, ne comptent plus dans la nouvelle vie, ça paraît évident pour la plupart des gens qui ne savent pas quel lien ils avaient entre eux dans leur vie antérieure, mais quand on le sait, ça crée un léger malaise! Seuls comptent les liens karmiques de l'âme,

    La plupart des "réincarnationnistes" se vantent d'avoir eu des vies passées où ils ont été des personnages importants :

     "Dans les réunions spirites, on voit très peu d'assassins, d'ivrognes ou d'anciens marchands de légumes ou valets de chambre réincarnés! Ce sont trop souvent : Napoléon, une grande princesse, Louis XIV, le Grand Frédéric, quelques pharaons célèbres, ainsi réincarnés dans la peau de très braves gens qui arrivent à se figurer avoir été ces grands personnages qu'ils imaginent....Cette tendance est tellement humaine, que déjà, les disciples de Pythagore, lorsqu'ils apprenaient ce mystère, imaginaient qu'ils avaient tous été un grand tyran ou un roi célèbre.... et, quand ils demandaient au Maître, ce qu'il avait été, à cette époque où eux croyaient avoir régné, Pythagore répondait en souriant:

    "-Pendant que vous étiez si puissants et que les hommes tremblaient sous votre autorité, moi j'étais coq"... (simple boutade, qui ne signifiait pas que Pythagore croyait en la métempsychose, mais il voulait donner une leçon d'humilité à ses étudiants.)

     "On n'a pas idée du tort que font, à la doctrine de la réincarnation, ces prétendus esprits supérieurs soi-disant réincarnés en de pauvres êtres prétentieux et inintelligents."

     D'après Papus, Dr Gérard Encausse, "La réincarnation"

     Dans mon cas, je devais me mettre dans la peau d'un homme qui était haï et considéré par la famille comme un "vieux fou" parce qu'il avait obligé son fils déserteur à se rendre aux autorités militaires ! Certes, sa position sociale avait été relativement importante puisqu'il avait été Inspecteur de Police, puis Commissaire à Bordeaux, mais ma situation professionnelle était d'un niveau social à peu près équivalent. Il me paraissait évident que ma dette karmique ne se situait pas sur le plan social mais plus certainement sur le plan familial. Néanmoins, ce n'était pas enthousiasmant de m'identifier à cet homme, et c'était encore plus bizarre de m'imaginer en homme!

     Pourtant, un matin, à peine réveillée, je me regardai dans la glace et, au lieu de voir mon visage, je vis celui d'un gros homme moustachu, et j'entendis la voix de ma grand-mère me crier "vieux fou" dans l'oreille! ça n'avait duré qu'une seconde mais je vous laisse imaginer le choc! j'y pensai  toute la journée en essayant de comprendre ce personnage de Jean Thomas.

      Le soir, quand ma fille rentra du lycée, je lui racontai ma vision du matin, et je lui parlai de la vie de notre ancêtre et du drame qu'il avait vécu. Ma fille trancha rapidement, et, elle aussi, le traita  de vieux fou! Mon sang ne fit qu'un tour, c'était comme si elle m'avait insulté personnellement!

    - Tu juges un peu vite, lui dis-je. Avant de juger, il faut réfléchir aux choix qui s'offraient à lui et dans quel contexte l'histoire s'est déroulée. Tu imagines les responsabilités de cet homme? Il avait une famille de trois enfants, dont deux plus jeunes encore à sa charge, à une époque où il n'y avait ni sécurité sociale, ni allocations, ni aucune aide sociale. Qu'auraient pu faire sa femme et ses autres enfants s'il s'était rendu coupable de trahison en hébergeant un déserteur, fut-il son fils? Il risquait lui aussi d'être condamné à mort pour complicité ou d'aller en prison, et sûrement de perdre son travail et sa position sociale, dans tous les cas sa famille serait tombée dans la misère. Dans le choix cruel qu'il avait fait, il avait sauvé sa famille, mais en perdant son fils, il avait perdu son âme!

    (J'ai déjà raconté son histoire dans l'article 27: http://caroline-pc33.eklablog.fr/27-le-symbolisme-de-l-oeuf-brise-et-la-reincarnation-suite-a114538382)

     Ma fille partit dans sa chambre, pensive. Le lendemain, elle devait passer l'épreuve de philosophie du baccalauréat. Et le sujet qui lui a été proposé portait sur la responsabilité! Quand elle revint le soir, elle était toute excitée et joyeuse, elle me raconta qu'elle n'aurait pas su à quoi se référer si je ne lui avais pas raconté l'histoire de Jean Thomas qu'elle a relatée pour illustrer sa dissertation ! La philosophie n'était pas sa matière préférée, elle est plutôt scientifique, et elle craignait de perdre des points à cause de cette épreuve. Mais elle a obtenu un honnête 12 sur 20 pour son épreuve de philo, et elle est devenue médecin.

    J'ai aussitôt pensé que ma grand mère avait voulu l'aider en provoquant la vision que j'avais eue ce martin-là, pour m'inciter à la faire réfléchir comme je l'avais fait moi-même toute la journée en cherchant à comprendre la vie et les motivations de Jean Thomas!

    En écrivant cela, je viens d'entendre ma grand-mère me dire qu'elle ne me détestait plus, et j'ai senti physiquement qu'elle touchait mon chakra du coeur. Peu après, j'ai entendu un autre esprit m'appeler "papa" et un peu plus tard: "je voudrais t'aider utilement".

    Jean Thomas avait trois enfants, Gabriel, Ludovic et Georgette, et je pense que c'est cette dernière que j'entends me dire parfois: "Je t'aime papa"! Les premières fois, quand je l'entendais, je croyais qu'un esprit se moquait de moi, mais j'ai compris que quelle que soit mon incarnation physique actuelle, je suis toujours "le père" qu'elle avait connu et aimé, car mon âme est aussi celle de Jean Thomas, et c'est à mon âme qu'elle s'adresse.

     De son côté, Ludovic éprouvait des sentiments de rancune et de mépris à l'égard de son père qu'il traitait de "vieux fou", et il les a communiqués à sa fille, qui devint ma grand-mère, mais j'ignore si elle avait des raisons personnelles de lui en vouloir car, lorsqu'elle est née, il avait déjà plus de soixante ans, et elle était encore une petite fille quand il est mort.

     C'est en 1872 que Gabriel a été fusillé à la caserne Robert Picqué, devenu l'Hôpital des Armées à côté de Bordeaux. Il y a quelques années j'ai eu l'occasion d'y aller pour rendre visite à une amie. En me promenant dans les anciens bâtiments, je reconnus la petite cour intérieure où il avait été fusillé, et le large couloir où les parents de Gabriel attendirent que leur soit remis le corps de leur fils après son exécution. Dans ces lieux, je ressentis leur douleur, mais aussi la révolte et la colère de Jean Thomas.

    Après la mort de son fils, Jean Thomas, révolté par la sévérité et l'injustice qui avait frappé sa famille, devint lui-même un policier redoutable et impitoyable. Il agissait avec rigueur, à l'encontre de sa nature et de sa conscience, et il en souffrait. Je pense que Jean Thomas avait perdu la foi et que l'esprit de la révolte et de la colère avait dû l'accompagner jusqu'à sa mort.

     J'entends souvent des esprits m'accuser de les avoir fait mettre en prison. Ils parlent de haine, de vengeance, d'injustice et de condamnation... Ils m'appellent toujours par les grades de policier de Jean Thomas, plus souvent "Inspecteur" mais aussi "Lieutenant" et parfois "Lieutenant-colonel", qui correspondent aux grades qu'il avait dans l'armée avant d'être dans la police, car c'était un homme instruit et, de ce fait, il entra d'emblée comme officier dans l'armée.

    Dernièrement, j'ai entendu un esprit qui m'appelait "lieutenant", me dire que je l'avais assassiné de deux balles dans la tête: c'était possible lorsque Jean Thomas était militaire, car à l'époque, tous les hommes devaient accomplir sept ans de service militaire obligatoire et il est probable qu'il ait participé à la guerre civile de 1848 pour rétablir l'ordre. En tirant "sur ordre" au service de la nation, était-il responsable de ces tueries pendant un combat? même s'il était un donneur d'ordres pour son bataillon, il recevait lui-même des ordres du Commandement et se devait d'être efficace.

    C'était un homme intègre, mais aussi un vrai soldat qui avait un grand sens de l'honneur et du devoir patriotique. Il devint une âme tourmentée qui avait eu le coeur brisé...et environ soixante ans après sa mort, je suis née avec une maladie de coeur congénitale, que personne n'avait su déceler malgré mes nombreux malaises tout au long de ma vie, que les médecins attribuaient à diverses causes (en particulier des angoisses, de l'asthme, une insuffisance respiratoire, et même des gaz!) jusqu'à ce qu'on m'emmène aux urgences et qu'on m'opère du coeur en 2013!

     Je comprends Jean Thomas mais je ne peux pas m'identifier totalement à lui, sauf quand je pense au drame qu'il a vécu pour son fils. Je sais qu'il a surtout regretté d'avoir obligé son fils à s'engager à 17 ans, car s'il avait attendu l'âge normal d'être appelé à l'armée, il n'aurait pas été envoyé dans cette guerre stupide qui s'est terminée par un désastre et la débandade de tous ces jeunes qui se sont échappés pour ne pas être faits prisonniers par les Prussiens: c'était terriblement injuste de les déclarer déserteurs alors qu'il n'y avait plus d'armée française à Sedan pour les rassembler! Jean Thomas s'est reproché jusqu'à la mort de ne pas l'avoir aidé à s'échapper: à Bordeaux, il aurait pu le faire embarquer "en douce" sur un navire, car à cette époque, les activités portuaires y étaient très importantes, mais il craignait que l'aventure ne fût trop hasardeuse et dangereuse, pour expatrier son fils vers une Amérique qui venait de se déchirer dans la guerre de sécession. Il avait cru plus raisonnable de s'en remettre en confiance à l'armée, et il ne cessait de se dire qu'il avait eu bien tort.

    J'analyse le personnage de Jean Thomas par rapport à mon ressenti, à des "souvenirs" qui ressurgissaient dans mes rêves et mes pensées obsédantes surtout après mon accident à 7ans, et jusqu'à l'adolescence,  mais aussi parce qu'à mesure que j'écris, j'entends un esprit me souffler les mots qui le décrivent le mieux.

    Lorsque j'étais en pension chez les religieuses, au début de l'adolescence, je rêvais de m'échapper et d'embarquer dans un navire en passagère clandestine! Je pense que cette envie récurrente était héritée des pensées obsédantes de Jean Thomas, qui se répétait en boucle ce qu'il aurait pu faire pour sauver son fils ! Je pouvais imaginer quelque peu son caractère si je le calquais sur le mien, et je compris pourquoi, parfois, dans certaines situations relationnelles avec ma famille, je me disais intérieurement: " ça ne va pas recommencer!", en particulier lorsque je me laissais envahir par la colère et la rancune, car je savais où ça m'avait mené dans l'autre monde:

    Une nuit, je m'étais vue assise dans le noir, au bord d'un abîme sans fond, accablée de chagrin et dans un total désespoir, avec une douleur profonde dans le coeur. Un personnage lumineux s'approchait de moi et quand il toucha mon épaule, j'entendis une voix qui me disait:

    - "C'est Jésus Christ lui-même qui est venu te chercher au bord du précipice du néant".

     Je devais avoir été très atteint par ce désir d'anéantissement en tant que Jean Thomas, car j'étais encore hantée profondément par le désir de mourir, mais depuis qu'Henri m'était apparu, je savais que c'était inutile puisque l'âme ne pouvait pas mourir.

    "On peut conserver un souvenir lointain, une intuition spéciale d'une existence antérieure, mais avoir une vision nette de ce qu'on a été, de la personne exacte que l'on a représentée sur terre, est un fait extrêmement rare et en dehors des lois naturelles".(Papus)

    Lorsque j'ai repris contact avec ma mère, après ma mutation en Gironde, elle doutait toujours de ma raison, jusqu'au jour où j'ai fait un "rêve" dans lequel j'entendais qu'on me parlait d'une "étoile en Orient". Je me voyais dans une belle maison, sur une terrasse-balcon surplombant une végétation exotique. Puis un homme brutal venait me faire rentrer dans la maison et après une brève lutte, il m'enfermait dans un placard. Une femme est venue me sortir du placard, mais l'homme criait:

    - Elle ne veut pas faire ce que je veux!

    Je me réveillai en entendant une voix me dire de le raconter à ma mère. Quand ma mère entendit mon récit, elle devint blanche et muette pendant un instant. Elle ne haussa pas les épaules en me disant que j'étais folle comme elle le faisait souvent pendant mon adolescence, en se moquant de moi avec ma soeur aînée, mais elle s'écria:

    - C'est ce qui m'est arrivé à quinze ans! je n'en ai jamais parlé à personne, pas même à ma mère! comment tu peux connaître cette histoire?

    - Je te le dis souvent, mais tu ne me crois jamais! c'est encore un esprit qui m'a envoyé ce "rêve" et qui m'a dit de t'en parler. Raconte-moi, où c'était, qui c'était et qu'est-ce qu'il voulait?

    -" Il s'agit de mon oncle Albert, le frère de ma mère, me dit-elle . Il était notaire, rue Esprit des Lois, en face du Grand Théâtre de Bordeaux. Il avait fait construire une belle villa à Arcachon dans les années vingt (1920...), qu'il avait appelée "Etoile d'Orient",entourée d'un jardin avec des palmiers et des plantes exotiques. Quand j'ai eu quinze ans il m'invita à passer les vacances d'été chez lui. Un jour que sa femme était sortie faire le marché, il essaya de me violer. Mais je ne me suis pas laissée faire, j'étais déjà grande et forte et je savais me défendre! De colère il m'enferma dans un placard. Quand sa femme revint, elle me libéra et me renvoya chez mes parents à Bordeaux par le premier train. Je n'ai jamais voulu retourner chez mon oncle!"

    Après ce rêve, ma mère n'a plus jamais douté de ma raison. Il y a quelques années, je suis allée voir cette villa qui existe encore dans la "Ville d'Hiver" d'Arcachon: c'est une de ces belles villas dont s'enorgueillit la ville, elle appartient maintenant à un agent immobilier. Un vieux voisin avec qui j'ai parlé, se souvenait encore de "l'ancien notaire" qui avait vécu là jusqu'à sa mort.

     

     Je n'ai pas de photos de Jean Thomas ni de son fils aîné Gabriel, mais j'ai hérité des portraits de son second fils Ludovic, devenu avoué au Tribunal de Bordeaux, et de sa femme Odély, fille d'un général anglais, mes arrières grands-parents, que j'ai toujours vus accrochés sur un mur de la salle à manger chez ma mère.

    29- Réincarnation, réminiscence de ma vie antérieure- suite 2

    Ludovic et sa femme Odély

     

      (à suivre..)

     

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