• J'avais lu dans le livre de Mattew Manning ("D'où viennent ces étranges pouvoirs") et dans le "Livre des Médiums" d'Allan Kardec, que pour faire cesser les "phénomènes de poltergeists", il fallait entrer en communication avec l'esprit qui se manifestait, au moyen de l'écriture automatique.

    Un soir, je pris un bloc de papier et un crayon feutre, et j'attendis à peine quelques minutes quand je vis la pièce plongée dans une lumière blanche, et tous les objets semblaient entourés d'un halo, ainsi que moi-même. Je ressentis des impulsions dans mon bras et je vis ma main bouger sans que ma volonté ne la dirige. Ma main traça difficilement quelques gribouillages et fit quelques pâtés, rien de plus, et le crayon tomba de ma main. Quand je me levai je sentis mes jambes lourdes  et j'avais du mal à sortir de ce halo blanchâtre pour retrouver ma vision normale des choses.

    Je tentai de nouveau l'expérience le lendemain. A peine installée devant mon bloc de papier, je fus de nouveau plongée dans la lumière blanche, je ressentis aussitôt une impulsion dans le bras et ma main écrivit:

    - Donne de mes nouvelles à Monsieur le Curé.

    "Monsieur le curé" était celui du village de Dordogne où se trouvait la pension où ma mère m'avait abandonnée pendant mon enfance. Je n'avais pas besoin de demander qui me "parlait", il était évident que c'était encore la soeur qui m'avait élevée! Je me demandais ce que je pourrais lui dire, connaissant les réactions négatives de la plupart des personnes à qui j'avais parlé de mes contacts paranormaux! Ma main écrivit:

    - dis-lui de prier pour moi!

    J'étais interloquée: elle n'était donc pas au "Paradis"?

    - non!

     Je ne posais aucune question, mais elle répondait à la réflexion que je m'étais faite. Ma main écrivit un peu plus tard:

    - Donne de tes nouvelles à ta maman.

    Il y avait plusieurs années que je n'avais pas repris contact avec ma mère qui ne s'était jamais occupée de moi. J'avais abandonné l'idée qu'elle pourrait un jour s'intéresser à moi ou à mes filles!

    Ma main  écrivit encore:

    -Ecris aussi à mon frère Jean et à ma soeur.

    En moi-même je me disais :" c'est ça! je vais tout leur raconter, et ils me prendront tous pour une cinglée"!!!

    Aussitôt après cette réflexion intérieure, la lumière blanche disparut, mais ma main continuait à écrire toute seule, de façon rapide et désordonnée, en faisant d'abord des grands gribouillages puis je pus lire dans tout ce fatras:

    - Tu es possédée!

    Je lâchai le crayon aussitôt et j'envoyai tout balader! ma main était brûlante et engourdie. Pendant un instant, j'ai eu une attaque de panique! mais je me calmai en réfléchissant et en lisant des revues spécialisées en ésotérisme, sans trouver de réponses à mes questions. Je me demandais ce que signifiait le terme de "possession" pour les spécialistes de la question, et je pris rendez-vous à Paris, avec une sorte de "Monseigneur exorciste" d'une religion indéterminée, qui décida qu'il fallait que je vienne me faire exorciser quand je lui eus raconté ce qui se passait chez moi depuis plusieurs mois, après la mort d'Henri.

    La veille de mon rendez-vous, "le diable" m'est apparu dans le lointain, entouré d'une gerbe de flammes, il avait une figure noble et belle mais un regard cruel, il riait d'un rire épouvantable qui me remplit d'effroi. J'appelai Dieu au-secours, l'image s'est estompée puis a disparu et je pus me libérer de la transe dans laquelle il m'avait mise pour m'apparaître, mais j'entendis encore son rire sardonique un moment. J'étais pétrifiée de peur, incapable de bouger.

    Lors de ma visite, je fis un bref résumé de tous les phénomènes que j'observais chez moi et je lui parlai de ma vision et de ce que que ma main avait écrit à l'exorciste.

    -Je vois ce que c'est, me dit le "Monseigneur". C'est un cas de "possession externe". Pour le moment , il est évident que vous être maître de vous et que vous pouvez vous libérer vous-même de son emprise. Mais vous devez être vigilante car, peu à peu, il peut agir sur vous par hypnose et vous faire faire des actes regrettables, par exemple, vous pourriez avoir envie de blasphémer dans un lieu saint, faire des gestes obscènes, ou agresser quelqu'un...Mais vous n'en êtes pas là, et tant que vous êtes capable de résister, vous n'avez rien à craindre.

    - Je n'ai rien fait d'inhabituel ni d'involontaire, à part des maladresses, mais j'ai du mal à résister quand il me met en transes pour m'apparaître, ce n'est pas la première fois, ça me prend à la nuque, comme si une main me saisissait, je me mets à trembler, et en même temps je suis incapable de bouger et de commander mon corps comme s'il ne m'appartenait plus! c'est très angoissant mais aussi douloureux de lutter contre la transe. Je crie mentalement:" Mon Dieu! Mon Dieu! aidez-moi" et tout s'arrête! mais c'est très fatigant, je me sens complètement épuisée quand je sors de la transe. Parfois ça m'arrive plusieurs fois pendant la nuit.

     Il prit une statuette d'argile qu'il jeta dans le feu en marmonnant des paroles et la statuette éclata bruyamment:

    - Ah! s'exclama-t-il, vous n’êtes pas possédée, vous avez vu? elle a bien claqué! sinon, j'aurais été inquiet pour vous!

    Je ne fus pas impressionnée par cette démonstration car je modelais l'argile et je savais que la moindre bulle d'air ou d'eau pouvait la faire éclater pendant la cuisson. Mais c'était le truc psychologique censé me rassurer. Puis il me donna les mêmes gris-gris que la médium m'avait conseillés, et me dit de prier et de communier:

    - la communion est la meilleure protection contre les démons!

    Je vécus une période noire dans la terreur et l'angoisse, car je me rendis compte qu'Ange -c'était le nom que mon démon se donnait- me suivait partout. Je pouvais l'entendre et le voir à tous moments, tantôt facétieux, tantôt menaçant, parfois conciliant, plus souvent terrifiant, mais je n'en parlais plus, et peu à peu je m'habituais: après tout, depuis que je savais que j'étais "possédée", je n'avais rien fait d'alarmant malgré moi. Je commençais à relativiser , et si le démon me dérangeait par sa présence constante, par les bêtises qu'il me débitait ou les frayeurs qu'il me faisait en m'annonçant des fausses mauvaises nouvelles, je savais le tenir en respect.

    Pour "l'apprivoiser", je fis quelques séances d'écriture automatique, où il me révéla qu'il avait toujours été près de moi, que c'était lui "qui me racontait des histoires", qui me faisait mes "films" et qui me faisait voir des"images" depuis mon enfance... pour me le prouver, il me raconta des moments oubliés de mon passé avec un vocabulaire et des façons de s'exprimer qui ne correspondaient pas à ma personnalité, afin de me démontrer que, même si je l'entendais penser, il était une autre personne que moi. Car je me demandais parfois si je ne faisais pas un dédoublement de personnalité, selon les théories psychologiques...

    Il se mettait carrément en colère quand je pensais qu'il pouvait être "mon double mental"

    - je ne suis pas toi, idiote, me disait-il, laisse dire ces bêtises à ceux qui n'y connaissent rien!

    Je lui demandais alors pourquoi il était toujours "collé à moi".

    - parce que tu étais une toute petite mignonne en sucre, me répondait-il avec ironie.

    J'abandonnai vite l'écriture automatique qui ne me servait à rien car je pouvais l'entendre aussi naturellement que ma propre pensée. J'appris peu à peu qu'il était né au début du XXè siècle, et qu'il était mort à vingt ans, quelques années avant la guerre de 1940.

    Il cessa de "jouer à faire le démon" pour me faire peur, et me montra son vrai visage en me disant qu'il s'appelait François.

    Plus tard, quand j'en parlai à ma mère, elle parut très étonnée et le reconnut tout de suite : c'était un de ses amis de jeunesse qui avait été l'amoureux de sa sœur Ginette! Le père de François n'approuvait pas cette liaison, pour des raisons d'argent et de classe sociale, comme c'était souvent le cas dans les familles bourgeoises, et pour séparer les jeunes gens, il obligea son fils à s'engager dans l'armée à 19 ans. Peu après, François fut envoyé en Afrique du Nord, où il mourut des fièvres; ma tante devint "folle de chagrin" et ne se maria que dix ans plus tard.

     

                                                                 

     


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