• 16 -Visites de la soeur

     

    Désormais ma vie avait pris un nouveau sens : je voyais, à travers la visite d'Henri, la volonté de Dieu se manifester, pour me donner une raison suffisante d'exister! pas moins!

      Avant cet épisode, la vie me fatiguait, j'étais souvent malade "pour un rien" (en fait, je ne le savais pas encore, mais j'avais une maladie de cœur qui m'épuisait) je m'étais programmée une "mort avancée" après la majorité de mes filles, et j'y pensais avec beaucoup de détermination.

    Après la dernière visite d'Henri (voir mon article précédent auquel j'ai apporté un ajout), j'étais aux anges : j'avais retrouvé la foi, je pensais qu'Henri était parti au ciel, que je pourrais reprendre  tranquillement le cours de ma vie! et j'imaginais naïvement que ma vie allait se dérouler dans un jardin de roses!!!

     "Ainsi bondé de bénédictions, je crus que ma vie serait un Noël qui ne finirait jamais. Les personnes d'expérience... pouvaient bien m'avertir que cet état privilégié aurait un terme, que les lois de la croissance spirituelle étaient les mêmes pour tout le monde, qu'après les suavités de l'excursion dans les verts pâturages de la grâce sensible, viendrait le rocher, l'escalade, le risque, et que je ne serai pas toujours cet enfant heureux, je ne les écoutais guère."  André Frossard, (Dieu existe, je l'ai rencontré)

    Mais je déchantai vite! Le soir même, au moment où j'allais m'endormir, des coups résonnèrent dans mon matelas. Intriguée tout d'abord, je bougeai pour m'assurer que mon matelas n'avait rien d'anormal, et que les ressorts ne faisaient aucun bruit sous le poids de mon corps. Après cet examen, les coups reprirent.

    Je compris qu'un esprit voulait communiquer, je supposais que ce n'était pas Henri, puisqu'il m'avait montré qu'il partait. Néanmoins je posai la question. Deux coups nets me répondirent non. Immédiatement, l'idée que c'était la sœur s'imposa à moi, et je posai la question. Un coup me répondit oui.

    Le dialogue s'engagea par ce moyen de questions et de coups en réponse, mais je me rendis compte assez vite que je n'avais pas besoin d'employer ce moyen car j'entendais sa "voix" comme une seconde pensée qui se superposait à la mienne, mais pour être sûre que ce n'était pas une hypothétique voix automatique, sortie de mon inconscient, je reposais certaines questions et j'attendais la confirmation de ce que j'avais entendu, par des coups audibles à l'extérieur de ma pensée.

    L'essentiel du dialogue se résumait en peu de mots: je devais prier, veiller et jeûner pour mériter le Paradis. Je lui objectai que mes obligations familiales et professionnelles ne me permettaient pas de suivre un tel régime. Elle m'assura qu'elle veillerait sur moi et que je n'avais pas à m'inquiéter de cela. Je lui répondis que je n'ambitionnais pas l'état de sainteté. Elle me dit qu'il le fallait et que ce serait facile avec son aide! Dans ce cas, je ne voyais pas où serait mon mérite? Elle me dit avec autorité: fais-le et tu comprendras.

    Elle me fit réciter des dizaines de chapelet pendant une grande partie de la nuit et ne me laissa dormir qu'à l'aube. Le lendemain matin, il me fut impossible de prendre un petit déjeuner, car j'éprouvais une sorte de dégoût nauséeux devant la nourriture. Sans doute, était-ce le moyen qu'elle avait trouvé pour m'inciter à jeûner? en supposant qu'elle puisse avoir une action sur mon organisme! Je me disais que je n'allais pas tenir longtemps comme ça!

    La nuit suivante se passa de la même façon, et je ne mangeai presque rien de la journée.

    Ce même jour j'avais un rendez-vous avec la voyante que j'avais rencontrée lors de la conférence (voir page 14). Je lui racontai ce que la religieuse attendait de moi. La voyante fut catégorique:

    - Je vois en effet cette religieuse, et elle m'en fit une description qui le confirmait. Elle veut que vous viviez comme elle aurait dû le faire de son vivant et que vous deveniez un exemple. Elle ne doit pas vous faire agir contre votre volonté! Vous ne devez pas vous laisser faire!

    En somme, la voyante me disait ce que je redoutais, que la soeur voulait diriger ma vie comme elle l'avait fait de son vivant, sans se soucier de mes propres choix. Elle m'avait imposé ses volontés en usant de son autorité pendant mon enfance, et maintenant, elle profitait de mon ignorance en matière de spiritisme, et de ma peur des manifestations venant de l'au-delà, pour me forcer à devenir "la sainte" qu'elle n'avait pas su devenir! Elle savait probablement que c'était à cause d'elle que j'avais tourné le dos à l'église, et elle voulait encore "m'aider à sa façon" à réaliser ses ambitions!

     La voyante continuait:

    - Elle vous aimait beaucoup de son vivant mais elle n'a jamais su vous le montrer!

    Mais moi, je ne l'aimais pas du tout parce qu'elle avait exigé de moi une obéissance inconditionnelle et me giflait dès que je m'opposais à elle ou que j'exprimais une idée différente de la sienne! Je ne l'aimais pas parce que je la craignais et qu'elle m'avait dressée comme un singe savant en m'exhibant partout où elle allait, en racontant ma vie d'enfant abandonnée, pour faire admirer son esprit de charité! Je lui en voulais surtout d'avoir évité à ma mère d'assumer ses responsabilités envers moi et je considérais qu'elle l'avait encouragée à m'abandonner parce qu'elle désirait me garder. Je lui en voulais parce qu'elle m'avait empêchée d'être moi-même et d'avoir glissé la terreur dans mon esprit quand elle a su que j'avais des communications spontanées avec les esprits en me disant que seuls les démons pouvaient me visiter et en me lisant des histoires épouvantables sur les possessions démoniaques à un âge où mon psychisme était encore trop fragile.

    Et c'était encore par la crainte qu'elle m'inspirait et la terreur qu'elle m'avait insufflée pour tout ce qui concernait le surnaturel, qu'elle tentait de s'emparer de mon esprit! Je l'avais laissée faire ces deux deniers jours parce que je pensais naïvement, après avoir vu Henri entouré de lumière, qu'elle était dans les sphères célestes, mais elle était toujours là et la même, presque dix ans après sa mort!

    La voyante, ajouta:

    - Elle veut que vous deveniez une sainte, mais ce n'est pas à elle de décider, elle ne doit pas vous faire agir malgré vous. Elle peut devenir elle-même un exemple dans la sphère où elle se trouve, elle ne doit pas se servir de vous pour y arriver! N'hésitez pas à la chasser dès que vous la voyez ou que vous l'entendez! Votre sensibilité de médium vous expose à être la proie des mauvais esprits si vous ne vous en préservez pas. Mais je vous sens assez forte pour résister!

    Puis elle me donna quelques conseils et me dit d'utiliser les moyens habituels censés chasser les démons et purifier un lieu, comme dans les églises, en brûlant de l'encens, en laissant une bougie allumée, en me procurant de l'eau bénite, un crucifix... Elle me donna aussi un sachet de sels bénis, et l'adresse d'un exorciste, au cas où je serais importunée par des manifestations incontrôlables.

    Sur le chemin du retour, au volant de ma voiture, je repensais à tout ce qu'elle m'avait dit, les connaissances que j'avais dans le domaine du "surnaturel" étaient très superficielles, et je me sentais seule et désarmée face à tant de choses effrayantes et mystérieuses  qui m'étaient arrivées en si peu de temps!

    Tout d'un coup, une profonde angoisse s'insinua en moi, je fus prise de sueurs froides le long du dos, des frissons remontèrent jusqu'à ma nuque, il y avait comme un ouragan dans ma tête et j'ai entendu une voix grave et puissante qui roulait comme un bruit de tonnerre:

    - Folle...tu es folle...folle ...folle...

    C'était soudain le chaos. La voix hurlait encore:

    - fonce! fonce ! droit dans un arbre...ne t'arrête pas! mieux vaut la mort que la folie!

    Une autre voix pressante me cria:

    - Non, ce n'est pas vrai! ne l'écoute pas!

    Puis la tempête s'arrêta comme elle était venue! je conduisais comme un automate, sans plus penser à rien. J'étais en pleine panique mais je concentrais mon attention sur la route. Le trajet me parut interminable.

    Le soir, au moment de me coucher, les coups redoublèrent dans mon matelas. Pensant que c'était encore la soeur qui m'appelait, je me fachai:

    -Non! maintenant vous allez me laisser tranquille! C'est de votre faute tout ça, allez-vous en!

    Le lendemain matin, au moment où je me suis réveillée, je l'ai vue assise sur mon lit, transparente, vêtue de son costume de religieuse, elle me regardait avec tristesse. La vision avait duré à peine une seconde.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mr MAKHLOUF Karim
    Samedi 3 Janvier 2015 à 03:24

    Je viens de comprendre pour la sœur.

    2
    Samedi 3 Janvier 2015 à 19:23

    Bonsoir Karim, il vaut mieux lire par le début! merci de ta visite, bises

     

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    3
    Mr MAKHLOUF Karim
    Dimanche 4 Janvier 2015 à 05:10

    Bonjour ; c'est à dire que je lis selon ce qui m'intérésse le plus ; mérci de tes réponses, bises.

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